vendredi 5 août 2016

Sambatra aho fa tsy misy telefonina ...

''Je suis heureuse mais je n'ai plus de téléphone...''

       Bonjour à tous !
J’espère que vous allez bien, j’ai beaucoup de choses à vous raconter, il s’en est passées en trois semaines !! Tout d’abord je vais très bien et j’ai adoré mon séjour en brousse !! Par contre je me suis fait volé mon téléphone, donc j’ai peu de photos, mais j’en ai quelques-unes quand même. Et cela implique aussi que je donnerais moins de nouvelles par FB le temps que j’en achète un autre !!

La brousse de Sahavato ..   


      En premier je commence par le trajet, une journée de « canotte », départ de Manajary à 7h, pour arriver à Ambavantsahavato à 23h, le port qui est à 6/7 kilomètres de Sahavato. En une journée, j’ai eu le temps d’écouter le doux bruit du moteur qui nous a bercé pendant 16h, enfin non plutôt 14 parce qu’on est restés 2h en panne. J’ai eu le temps de manger du riz, en fait chaque personne donne une ration de riz, qu’ils cuisent dans l’eau du canal, pour pouvoir manger à 12h, avec du poisson acheté dans les villages, le long du canal. Il faut savoir que dans ce canal, tout le monde fait tout ce qu’il a à faire, c’est-à-dire sa lessive, sa vaisselle, sa douche, c’est aussi leurs toilettes, et le lieu où ils se lavent les dents … Le canal c’est leur principale source d’eau !                                                                             

                                                                                                                                                                     J’ai également eu le temps d’avoir une nouvelle coiffure, des petites se tressaient les cheveux donc je leur ai demandé aussi de faire les miens !! Et ils m’ont donné un cours de malagasy, c’était marrant !!

Et ensuite pour faire les quelques kilomètres qui nous séparent de Sahavato, nous sommes partis de nuit à la lumière des lampes de poches sur un petit chemin boueux, il fallait traverser un ruisseau, avec nos bagages sur le dos… Et on a vu un 4x4 passer, sans phares, donc il y avait des personnes debouts dans la benne du 4x4 avec des lampes de poche pour éclairer le chemin…  Vous imaginez la scène ?




      Ensuite nous avons eu la 1ère messe de Mompera Antonio, prêtre ordonné le 3 juillet à Mananjary. C’était une grande fête pour la paroisse ! Et quelques jours plus tard, nous sommes partis dans son village natal, Ambatobe II où nous avons été très bien accueillis !! Le trajet était très sympa aussi, voici le petit chemin qu’il fallait prendre :






Mais ça va, j’étais en Kéranils !! Le duo Kéranil/chaussettes m’a sauvé la vie, c’est ce qu’il y a de plus sécurisant, confortable et pratique !!








A Ambatobe II j’ai mangé de la canne à sucre, j’ai dormi dans une cabane, j’ai mangé comme une malgache, riz-poisson matin midi soir, j’ai vu des plantations de manioc, de poivre, d’eucalyptus, de café… Puis on est rentrés, sous la pluie. Toujours par ce petit chemin. La galère !! 






       Le lendemain, je suis partie à Nosy-Varika. Alors il a fallu redescendre de Sahavato au port, et le fils du gardien de chez les sœurs m’a accompagné, après j’ai pris « lacannotte » jusqu’Antaniady, donc 2h à peu près, puis Mompera curé a envoyé quelqu’un pour m’accompagner d’Antaniady à Nosy Varika. J’ai donc fait 15 kilomètres à pieds ce jour là ! Et pendant 4 jours je suis allée au pèlerinage d’Ambodiriana, petit village non loin de Nosy-Varika. C’était très sympa, mais un peu glissant, et le confort était … Comment dire… Assez limité ! Je n’ai malheureusement pas de photos de ce week-end. Monseigneur est venu de Mananjary pour ce pèlerinage, et il m’a apporté un camembert et une tablette de chocolat pour ma fête !! C’était ouf, quelle joie !


      Après ce pèlerinage, nous sommes rentrés à Nosy-Varika, puis je suis rentrée à Sahavato. Le lendemain, j’ai commencé ma formation de français pour les enseignants de Sahavato et Ambodilafa, ville qui est à 35 kilomètres (à pieds, bien sûr).

En réalité à Madagascar, je vous explique rapidement la situation, les enseignants malgaches parlent très peu français. Les enfants ne parlent pas français, mais l’enseignement et les examens sont en français. Autant vous dire qu’il y a beaucoup d’échec scolaire, et que le résultat des examens est assez faible! Dans le district de Nosy-Varika, 17% de reçus au brevet des collèges… 

Les professeurs enseignent et expliquent en malgache, puis copient le cours en français, que les enfants doivent connaître par cœur, sans comprendre la signification de chaque mot, en ayant seulement le sens général. Sachant que les livres sont en général de vieux livres français, c’est-à-dire que ce n’est pas le même programme qu’ici à Madagascar !

Avec les enseignants, j’ai fait beaucoup de vocabulaire, un peu de mise en scène, d’écriture de dialogues, et j’ai fait une activité manuelle, du pliage, et des chants qu’elles pourront apprendre aux enfants. Nous avons également fait un match de foot avec tout le vocabulaire du sport, et du résultat du match ! Je vous laisse deviner qui a gagné !!




   Je vais vous raconter une petite anecdote, je leur ai appris à écrire une lettre, donc on a écrit : ‘’Je suis en vacances en France et j’ai vu la « Tour Eiffel »’’ et je vois qu’elles ne comprennent pas. Alors j’ai essayé de leur faire comprendre ce qu’était la Tour Eiffel… Au bout de 10 minutes, une a compris : Haaa le pylône ?? J’ai beaucoup ri, oui c’est ça, le pylône de la France, la tour Eiffel…. Après elles voulaient que je leur écrive au tableau le nom de « Gustave Eiffel » pour l’ajouter comme ami sur Facebook…  C’était très drôle !


     J’ai également visité le dispensaire où travaillent les sœurs des missions étrangères. La salle d’attente, la salle de soin, la salle d’accouchement… Bien sûr, rien à voir avec ce qu’on a en France ! J’avais pris quelques photos mais elles sont dans mon téléphone…


Pendant ces trois semaines j’ai habité chez les sœurs des missions étrangères, ou chez ''Masera''. Elles sont indiennes donc j’ai hyper bien mangé, enfin du riz mais il était cuit de différentes façons ! ;) J’ai aussi mangé des biscuits indiens, puis un mixte entre des crêpes et du pain, disons que c’était une pate comme du pain, à base de farine, mais cuite dans une poêle comme une crêpe ! C’était très bon ! J’ai mangé du manioc coupé en tranches et revenu dans l’huile, comme des chips, j’ai mangé des choses pimentées, j’ai mangé des pâtes au lait, c’est le même principe que le riz au lait, mais ce sont des pâtes. Vous devriez essayer !


Et je voulais vous dire aussi profitez bien de votre eau potable, vous ne mesurez pas la chance que vous avez !! Pendant ces 3 semaines j’ai tout fait avec de l’eau de pluie, j’ai mangé du riz cuit dans l’eau de pluie, j’ai pris ma douche avec de l’eau de pluie, j’ai fait ma vaisselle à l’eau de pluie, je suis allée remplir mon seau d’eau avant d’aller aux toilettes, j’ai bu de l’eau de riz, qui est de l’eau de pluie qui a bouilli pour faire cuire le riz, j’ai fait ma lessive à l’eau de pluie …. C’est simple, en brousse, même en ville il n’y a pas d’eau potable ni d’électricité. Chacun a (ou pas) un panneau solaire qui permet de recharger une batterie pour avoir de l’électricité.

Ma douche: 



     Enfin, j’ai terminé ces trois semaines à Fanivelona, village à 3h de canotte de Sahavato, en direction de Mananjary. Mompera Célestin, passait par Sahavato pour y aller, puis redescendait à Mananjary, donc c’était l’occasion ! Le 31 juillet, c’était la fête de St Ignace de Loyola, et c’est la fête de la paroisse du village. Le dimanche après-midi, il y a eu un ‘’gala’’. Il faut que je vous raconte le concept parce que ce serait simplement inenvisageable en France !!  En fait il y avait une scène, et devant, une centaine d’enfants assis par terre. Et derrière eux, une centaine d’adultes grosso-modo qui étaient assis sur les bancs de l’église, sortis pour l’occasion. Et de 14 à 19h, pendant 5 heures sans interruption, il y avait des petits groupes de 4/5 enfants / jeunes qui passaient sur scène pour danser, pour chanter, ou pour faire une scène de théâtre. Il y avait aussi des choses à vendre, comme une vente aux enchères pour des bananes, des cannes à sucre ou des poussins. Et tout s’est enchaîné pendant 5h, personne n’a bougé. Ils rigolaient pour des choses qui ne paraissaient pas forcément drôles, mais ça avait l’air ouf pour eux ! Et aucun des enfants n’a bougé, sinon ils recevaient un coup de branche ou un coup de casquette par une dame qui les gérait à la malgache !! J’imaginais déjà les enfants français qui auraient eu trop chaud, envie de faire pipi (alors que là c’était simple ils avaient envie, ils se mettaient sur le côté et faisaient !) ils se seraient ennuyé, ils auraient eu faim, enfin ils n’auraient jamais tenu si sagement ! Et ça avait l’air de beaucoup leur plaire ! Puis j’ai regardé les adultes et je me suis dit quel adulte français aurait fait ça ? Qui aurait ‘’perdu’’ 5h à regarder des enfants se dandiner sur scène et des jeunes chanter une chanson ? Je me suis dit que si on proposait ça tout le monde seraient trop pressés, auraient autre chose à faire, s’ennuieraient, auraient un mail à envoyer, un coup de fil à passer… Mais les malgaches ont le temps !


Et donc pour apporter ma petite participation à ce gala, lors de la vente d’un poussin, j’ai surenchérit pour 5000 Ar, pour moins de 2€. Et j’ai donc acheté un poussin, enfin un assez grand, qui savait se débrouiller tout seul pour survivre !! Je l’ai nommé « Tamana », qui signifie à l’aise, puisqu’il était tamana avec moi !! Le lendemain lundi, nous sommes rentrés à Mananjary, avec Tamana dans la canotte. C’était un poussin très sage, malheureusement je n’ai pas pu prendre de photos mais c’était très drôle de le voir attaché avec sa petite ficelle se promener sur le banc de la canotte !!

Il s’est détaché mardi matin puis il est parti avec ses compatriotes poules et coq. Nous habitons à côté de la radio catholique de Mananjary, et ils ont des poules donc je pense qu’il est parti vivre sa vie avec eux !!

            Bref, la vie à Mananjary reprend son cours, mais j’étais vraiment bien en brousse ! Vous aurez compris que malgré les conditions sanitaires et le confort très sommaire de la brousse, les habitants sont heureux !!


Camille, MEP. 




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